Depuis plus d’un an, c’est un thème récurrent dans les média. La crise sanitaire, la fermeture d’usines et les problèmes de production affectent les principaux fournisseurs de semi-conducteurs. En août, Intel a prédit une pénurie qui pourrait se poursuivre en 2022 et même jusqu’à 2023. Depuis quelques mois, on entend des déclarations en Europe sur la dépendance technologique et la nécessité de construire une industrie européenne du composant.
La conséquence à court terme pour le monde des serveurs est le risque d’une augmentation des prix des matériels. Plusieurs éléments contribuent à ce problème : production limitée, prix en hausse sur les matières premières et les multiples retards d’approvisionnement. Si la production baisse significativement, automatiquement, les prix vont monter car le demande reste forte.
Ces difficultés impactent ou impacteront l’ensemble des matériels réseaux : serveurs, routeurs, baies, etc.
En juillet dernier, Digtimes annonçait que AMD et Intel subissent des retards de production parfois conséquence : jusqu’à 52 à 70 semaines. Or, sans composant, impossible de produire les lames, les serveurs, le stockage, etc.
Tout le monde n’est pas concerné de la même manière. Les grands constructeurs sécurisent les approvisionnements plusieurs mois à l’avance. Et les fabricants peuvent favoriser les clients ayant les contrats d’achats les plus importants. Par effet domino, les « petits » constructeurs ou les produits avec un volume moins importants, sont les premiers impactés. Pour 2021, les constructeurs ont sans doute jonglé entre la livraison et les stocks disponibles. Par contre, si la difficulté de production se poursuit trop longtemps, 2022 sera plus difficile.
En février dernier, Bruno Le Maire a beau déclaré que l’Europe est trop vulnérable vis-à-vis de l’Asie (et même des Etats-Unis) pour les composants, les alternatives sont peu nombreuses. L’Europe possède des fondeurs connus et reconnus mais elle ne peut rivaliser avec Intel ou TSMC. D’autre part, vouloir bâtir un champion européen du composant, à l’instar d’Airbus ou d’Ariane, est une mission quasi impossible.
Il faut une volonté politique forte sur le long terme, un investissement colossale et l’implication des fondateurs européens, ce qui est loin d’être gagné. L’Europe a annoncé un plan d’investissement de presque 2 milliards d’€.
Intel évoque depuis plusieurs mois la possibilité de construction des usines en Europe mais le fondeur demande jusqu’à 8 milliards d’aides. On estime souvent qu’un usine pour produire des composants coûte 1 milliard de $. Dans le monde temps, le géant TSMC a annoncé un plan d’investissement de 100 milliards de $ pour les 3 prochaines années.