Luc Rémont, nommé PDG d’EDF en 2022, a mécontenté son unique actionnaire, l’Etat français, et ses grands clients industriels. La présidence de la République ne l’a pas reconduit à la tête de l’électricien.
Les points de divergence étaient trop nombreux. Avec l’Etat unique actionnaire (depuis juin 2023), qu’il s’agisse de la réduction de la dette abyssale de l’électricien, ou du financement du nucléaire. Et semble-t-il surtout avec les industriels français opposés à l’évolution de la tarification de l’électricité.
Difficile mission que financer la dette d’EDF, plus de 54 milliards d’euros, et la construction de six nouveaux réacteurs EPR2 voulus par le Président français. Plus difficile encore de négocier la future régulation du prix de vente de l’électricité en se fixant l’objectif de la rentabilité. Le projet de CAPN (contrat d’allocation de production nucléaire) attendu a déplu aux industriels gros consommateurs d’énergie.
Le PDG a tenté de trouver un échappatoire européen, en proposant un système d’enchères à mettre en place en 2025. Mais le projet a déplu aux industriels, qui l’ont accusé de chercher à vendre aux plus offrants. Et le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, qui pourtant multipliait les réunions avec le PDG, a en mars 2024 évoqué des enchères « scandaleuses » et opposées à la garantie d’un électricité décarbonée et à prix stable.
Luc Rémont, polytechnicien passé par Schneider Electric, a été nommé PDG d’EDF en 2022 pour un mandat de remplacement, dont il n’atteindra pas le terme de cet été. Convoqué par la présidence de la République vendredi dernier, il lui a été signifié qu’il se sera pas reconduit à la tête d’EDF.
Il devrait être remplacé, à l’occasion d’une prochaine assemblée générale, et si le Parlement valide sa nomination, par Bernard Fontana, actuel patron de Framatome, choisi par l’Elysée pour lui succéder.
Tous ces mouvements stratégiques n’empêcheront certainement pas le prix de l’électricité de continuer d’augmenter, jusqu’à doubler avant la fin de la décennie.