Profitant d’un contexte économique industriel européen paradoxalement plus favorable, les cours du marché du carbone ont fortement progressé, jusqu’à franchir pour la première fois la barre des 100 euros.
Le prix du CO2, également appelé ‘droit de polluer’, est un indicateur ambiguë : lorsqu’il augmente, il est le signe d’une forte activité de production industrielle, donc qui va doper la demande de droits à polluer. Le retour du prix de l’énergie dans des ordres de grandeurs plus raisonnable après les débuts de la double crise énergétique et ukrainienne se traduit par un retour de la production industrielle.
Résultat : depuis le début de l’année le coût de la tonne de CO2 a augmenté de 20%, jusqu’à dépasser pour la première fois le seuil psychologique des 100 € la tonne.
Pour autant, ce n ‘est pas seulement la production industrielle qui est en cause, c’est aussi l’évolution des pratiques de l’Europe sur le droit de polluer. Issu du principe pollueur-payeur, ce droit bénéficiait de nombreux coups de canifs. A commencer par les quotas gratuits (trop) facilement accordés, une manne pour les industriels mais que l’UE veut restreindre.
Second constat, Bruxelles a durcis ses règles afin de maintenir ses engagements pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Concraitement les quotas vont chuter de 60% d’ici 2030.
Dans les faits, cela se traduit donc par une hausse significative de la tonne de CO2, c’est à dire du droit à polluer. Et ce sont en réalité deux seuils psychologiques qui sont franchis : la barre des 100 euros la tonne de CO2 ; et dans l’esprit de beaucoup d’industrielle la barre de la bascule décisionnelle du statu quo (je paie le CO2 à un prix raisonnable) à une rentabilité à la tonne qui favorise des investissements durables pour abaisser sa production.
En tapant au porte-monnaie, et avec un cours qui selon certains économistes pourrait dépasser les 150 € la tonne de CO2 durant l’année, l’Europe incite les industriels à accélérer la transition énergétique.
