Après plus de 5 ans d’assimilation et de préparation, Stratosfair a posé la première pierre de son premier datacenter, à Lanester (Morbihan). A l’opposé de la tendance au gigantisme dans les datacenters de colocation en région parisienne, le datacenter conçu par Bérenger Cadoret se veut de taille humaine, de proximité et écologique. De quoi séduire les PME et les collectivités à la recherche de solutions françaises et souveraines.
Nous avons rencontré Bérenger Cadoret, qui nous a exposé son parcours et présenté son projet et sa première réalisation qui a posé sa première pierre, le 24 mars.
Béranger Cadoret, un parcours engagé et ‘green’
Stratosfair, c’est d’abord le parcours d’un homme, Bérenger Cadoret, de formation ingénieur informatique et expert en infrastructure, qui après avoir évolué dans une fonction de DSI, finit par faire le constat du manque de valeur lié au métier. “J’ai visité un centre de méthanisation, qui affichait un modèle concret, et j’ai eu un déclic, lier mes compétences au recyclage et à l’efficacité énergétique”. Il consacre alors quatre ans à réfléchir à l’association de la technologie et de l’écologie, puis un an et demi à l’étude de son projet en visitant en particulier des datacenters green IT.
“Les choses évoluent très vite, et il existe une voie à prendre pour rendre les choses concrètes et démocratiser le cloud. Le cloud, c’est du matériel. Et le datacenter de demain devra se rapprocher des acteurs finaux, avec des modèles à dimension humaine, et rentrer dans l’ère de la décentralisation des grands centres de données. Le Edge est complémentaire des datacenters régionaux et des hyperscales.”
Privilégier un modèle non concurrentiel en frontal
Pour Bérenger Cadoret, le datacenter doit être un outil qui sert de levier à tout type d’entreprise, qui répond à un modèle de territoire, et qui permet aux PME et aux collectivités d’entrer dans une démarche écologique. “Nous devons montrer que le datacenter n’est pas polluant, et redonner du pouvoir et de la propriété sur la data de l’entreprise”.
Le projet est lancé début 2021. Stratosfair recrute ses premiers associés, structure une équipe, et commence à commercialiser son datacenter tout en cherchant des fonds. La start-up est labellisée FrenchTech. Mais c’est un véritable parcours du combattant qui l’attend. Une première levée, de 550 000 euros, est réalisée en septembre 2021. Elle est complétée d’un prêt bancaire garanti par BPI, de 450 000 euros, “de la dette pour augmenter les fonds propres”. Stratosfair trouve également des soutiens locaux, politiques.
On notera qu’à la pose de la première pierre, 70% de l’espace informatique du futur datacenter est réservé. On ne dira jamais assez combien cette démarche commerciale est essentielle pour initier un projet de datacenter, qui ne saurait vivre sans des clients.
Créer le premier réseau de datacenters bas carbone et de proximité
Le projet porté par Bérenger Cadoret est réfléchi et dans l’ère du temps. Il répond à un modèle économique d’hébergement de baies et de cloud. “Notre objectif est de travailler intelligemment avec le territoire et sur le cycle de vie local. Notre proposition de valeur porte sur l’écologie, de produire de l’énergie en circuit court”. Stratosfair est une construction en container de 8 baies jusqu’à 7 KVA chacune (et jusqu’à 32 baies donc 4 containers informatiques), pour un datacenter modulaire facilement scalable et duplicable, selon un modèle standard.
“Qu’il s’agisse de l’alimentation électrique ou de la connectivité, nous produisons le maximum sur site, pour répondre à de petits besoins, au max 200 kVA. Notre datacenter n’est pas trop énergivore et il ne demande pas de compteur au tarif vert. Nous restons dans les limites des 240 kVA en tarif jaune, ce qui facilite les choses. Pour la connectivité, pas besoin d’être raccordé à des sources importantes. Et l’impact foncier (entre 200 et 1000 m²) est également réduit.”
Le datacenter de Lanester
A Lanester, le premier datacenter de Stratosfair est composé de 2 containers pour 16 baies et de 2 containers de 8 pieds pour la production. Sur le plan électrique, l’ensemble de l’installation est couvert par une ombrière solaire de 200 m² composée d’une centaine de panneaux. L’alimentation électrique avec une double adduction de secours, et un appel aux énergies renouvelables, est en relai des périodes où l’autoconsommation solaire ne suffit pas, la nuit par exemple. Le refroidissement est assuré par des groupes froid hybrides, secondés par un mur végétal de 200 x 3 m sur la paroi sud calculé pour la réverbération de l’ensoleillement. En plan de secours, indispensable, un groupe fuel, qui sera remplacé plus tard par une pile à combustible liée à hydrogène. L’infrastructure est en équivalence Tier III.
Le datacenter cible un PUE remarquable de 1.16.
“On invente pas le datacenter, on le réinvente. Nous le composons de briques pour rassembler et proposer un nouveau modèle de datacenters qui répond à un niveau de besoin sur les territoires”. Et la chaleur fatale ? Le projet de Lanester récupère la chaleur pour une serre urbaine de 40 m² attenante au datacenter. “Notre finalité pour la chaleur est d’offrir des services pour les territoires, et ainsi de fédérer des acteurs locaux.”
Il y a un avenir pour les petits datacenters de proximité
Le modèle économique de Stratosfair repose sur la duplication des sites pour aller vite. Bérenger Cadoret joue la transparence en nous révélant que la start-up entend livrer clé en main un datacenter de 16 baies, de 5 à 7 KVA chacune, pour 1,2 à 1,5 million d’euros.
Les travaux ont débuté sur le site de Lanester, le premier container sera livré le 15 mars, le site sera livré aux premiers clients le 15 juin. Bérenger Cadoret attend déjà un retour sur trois autres projets de sites, avec en objectif de disposer de quatre sites avant la fin d’année, bénéficiant pour cela de l’accompagnement des régions et des collectivités. Pour plus de crédibilité, Stratosfair a lancé une seconde levée de 450 M€ en crowdfunding. A suivre…
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