Victime de la pire sécheresse depuis 74 ans, l’Uruguay a décrété l’état d’urgence pour affronter de graves pénuries d’eau. De quoi jeter le discrédit sur le projet de datacenter de Google dans le sud du pays, qui utilisera 7,4 millions de litres d’eau par jour !
L’Uruguay a été le premier pays au monde a déclarer l’accès à l’eau droit constitutionnel. Mais entre la faiblesse des précipitations et des températures record, les rivières comme le principal réservoir du pays sont à sec. Les autorités publiques de l’eau sont désormais contraintes de prélever de l’eau de l’estuaire du Rio de la Plata. C’est là où eau douce et eau salé se mélangent, ce qui donne à l’eau du robinet un goût nauséabond.
Le gouvernement uruguayen a doublé les niveaux autorisés de chlorure de sodium dans l’eau du robinet. Il conseille aux femmes enceintes et aux personnes souffrant de problèmes de santé graves de ne pas en boire. Ainsi qu’aux parents de préparer le lait pour bébé avec de l’eau en bouteille et de ne pas ajouter de sel à la nourriture des enfants.
Seule l’eau en bouteille est réellement potable. Or, malgré que le pays affiche le plus haut revenu par habitant (PIB) d’Amérique Latine, un demi million d’Uruguayens n’ont pas les moyens de s’offrir cette eau, et c’est la moitié de la population qui n’a désormais plus accès à l’eau potable. C’est pourquoi la colère des citoyens monte, le gouvernement étant accusé de favoriser les entreprises transnationales et l’agro-industrie qui consommeraient 80% des ressources en eau du pays.
C’est donc sans surprise que Google figure en bonne place dans les critiques. Son projet de datacenter dans le département de Canelones, dans le sud de l’Uruguay, est accusé de « pillage » d’eau, alors même que le datacenter n’est pas encore construit. Le projet prévoit d’utiliser 7,6 millions de litres d’eau par jour, prélevés sur le réseau public d’eau potable.
Google a répondu aux critiques en rappelant que le projet n’est encore qu’en mode exploratoire, et que les chiffres préliminaires subiront des ajustements. « Chez Google, la durabilité est au cœur de tout ce que nous faisons, et la façon dont nous concevons et gérons nos datacenters ne fait pas exception« . Pour autant, Google a également rappelé qu’il considérait ce projet comme un futur hub mondial pour les utilisateurs de ses services…
Luis Lacalle Pou, le président de l’Uruguay, a également annoncé des mesures d’urgence : la levée des taxes sur l’eau en bouteille ; la construction d’un nouveau réservoir ; et la distribution de deux litres d’eau gratuite par jour à 21 000 familles pauvres ou vulnérables. Concernant Google, le gouvernement s’est contenté d’indiquer que le groupe devrait construire un datacenter plus petit, ce qui va changer les chiffres indiqués…
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