Aux Etats-Unis, la critique contre la consommation d’eau des datacenters se fait plus forte. Le pays affronte la période la plus sèche qu’il connait depuis que cette information est mesurée. Dans ces conditions, l’utilisation de l’eau pour refroidir les datacenters est désormais jugée irresponsable.
Pour faire face à un avenir plus sec et plus rare en eau, organisations, entreprises et consommateurs doivent commencer à considérer la conservation de l’eau aussi sérieusement que la réduction des émissions de carbone.
Où implanter un datacenter aux Etats-Unis ?
Le choix repose en général sur la proximité des clients et des infrastructures, le coût du terrain, les incitations fiscales offertes localement, et l’accès à l’électricité à faible coût. Depuis plusieurs années, profitant de l’engorgement de certains états historiques dans l’implantation des datacenters, comme la Virginie ou la Californie, les états de l’ouest américain ont attiré les opérateurs de datacenters. En particulier pour la disponibilité d’énergie solaire et éolienne.
Beaucoup de villes américaines ont également misé sur l’implantation de datacenters pour remplir leurs caisses vides. Mais aujourd’hui, elles s’interrogent sur le coût environnemental de ces opérations, en particulier l’effet des datacenters sur l’eau alors que les temps de sécheresse s’allongent. En effet, les régions de l’ouest manquent d’eau, une question qui ne se posait pas dans l’est, au point que l’eau de figurait pas ou si peu dans les critères d’implantation d’un datacenter…
L’eau dans le datacenter
Tous les datacenter ont besoin d’embarquer des technologies de refroidissement, généralement des systèmes de climatisation de salle informatique. En Europe, les systèmes de refroidissement par air, en particulier le free cooling, sont privilégiées. A la démesure américaine, ce sont essentiellement de grandes unités qui refroidissent l’air avec de l’eau ou un réfrigérant, ou un refroidissement par évaporation, qui évapore l’eau pour refroidir l’air, qui sont retenus. Solutions privilégiées car le refroidissement par évaporation utilise beaucoup moins d’électricité, mais plus d’eau. Comme l’eau est moins chère que l’électricité, le choix des datacenters est vite arrêté au profit de l’approche la plus gourmande en eau.
- Aux Etats-Unis, un datacenter ‘typique’ – un des 1800 datacenters de colocation identifiés – consomme entre 11 et 19 millions de litres d’eau pour refroidir ses infrastructures et l’IT, soit l’équivalent de la consommation d’une ville 30 000 à 50 000 habitants.
- S’il s’agit d’un datacenter hyperscale – comme le datacenter de Google à Mesa, qui a coûté 800 millions de dollars, qui profite d’un approvisionnement abondant en énergie solaire et éolienne sans carbone -, la consommation quotidienne d’eau est portée à 5 à 6 millions de litres d’eau.
Des volumes d’eau consommé et perdu (évaporation) qui poussent aujourd’hui certaines villes où ces datacenters sont implantés à se déclarer en situation d’alerte rouge. Et cela d’autant plus qu’il apparaît que dans ces régions américaines frappées par la sécheresse, les datacenters créent relativement peu d’empois. Les créations induites par les activités hébergées dans les datacenters profitent aux régions de consommation, mais pas de production !
Si la croissance de l’industrie du datacenter ne montre aucun signe de ralentissement, les critiques s’élèvent à un rythme plus soutenu encore. Peu importe que les investissements dans l’innovation et dans les équipements rendent les datacenters plus économes en énergie comme en eau que d’autres industries, comme l’agriculture, le niveau d’utilisation de l’eau dans les régions où elle est ou se fait rare demeure élevé.
Faire face au stress hydrique
Mais la situation climatique et hydrique se dégrade. L’Utah, par exemple, connaît des conditions de sécheresse extrêmes. La chaleur et l’insuffisance des pluies année après année ont contribué à une situation de plus en plus désastreuse, qui affecte les habitants de l’Utah de multiples façons, dont les incendies. Or, la majorité des datacenters de l’état sont entièrement ou au moins partiellement alimentés par des bassins versants dans des régions en situation de stress hydrique.
C’est pourquoi Microsoft, par exemple, s’est engagée à être « positive pour l’eau » d’ici 2030. Elle prévoit de reconstituer plus d’eau qu’elle n’en consomme dans le monde. Ce qui passe par l’évaluation de l’impact d’un datacenter, la réduction de la consommation d’eau, et par l’investissement dans des projets de réapprovisionnement et de conservation communautaires à proximité du lieu où elle construit des installations.
Nous sommes tous concernés par les données stockées et traitées dans les datacenters. Nous sommes tous concernés également par leurs empreintes hydriques.
Les chiffres cités dans l’article proviennent du Water Resources Center de la Texas Tech University.