Amazon épinglé sur le secret autour de sa consommation d’eau

Alors que Microsoft et Google ont choisi de jouer la transparence sur leur consommation d’eau, au risque de fortes critiques, un document interne révèle qu’Amazon aurait volontairement choisi de cacher la véritable ampleur de sa consommation.

The Gardian a diffusé une note interne d’Amazon qui indique que l’entreprise aurait consommé 105 milliards de gallons d’eau en 2021 (soit environ 397,5 milliards de litres ou l’équivalent de la consommation des foyers d’une ville comme San Francisco). On est très loin des 7,7 milliards de gallons officiellement annoncés, qui dans un plan ‘Water Positive’ de la division AWS doivent être ramenés à 4,9 milliards en 2030.

En réaction, Margaret Callahan, porte-parole d’Amazon, a qualifié le document d' »obsolète » et a déclaré qu’il « déforme complètement la stratégie actuelle d’Amazon en matière d’utilisation de l’eau. (…) L’existence d’un document ne garantit ni son exactitude ni son caractère définitif« .

Certes, mais le problème c’est que ce document dévoile une pratique d’Amazon qui est loin de satisfaire l’opinion. Au point que la presse américaine reprend l’information sous des titres du type « Amazon cache sa consommation d’eau« . Et qu’au final c’est moins le chiffre que la transparence d’Amazon qui soulève les critiques.

Les dirigeants d’Amazon, craignant une mauvaise publicité, auraient donc délibérément choisi de ne dévoiler que la consommation d’eau primaire, écartant la consommation secondaire (qui correspond à un scope 3 – production et construction). De plus, ils n’auraient retenu que le chiffre faible de 7,7 milliards de gallons déjà évoqué.

Quant au projet « Water Positive » d’Amazon, qui affirme que 53% de l’objectif auraient été atteints, et qui porterait l’engagement de restituer plus d’eau qu’elle n’en consomme, il prend la forme de « compensations » (l’expression figure dans le document), comme d’aider des services publics à minimiser les fuites en les réparant. Mais la moitié des 109 millions de dollars de compensations n’auraient été consacrés qu’à amélioration à l’accès à l’eau pour Amazon et la satisfaction d’exigences réglementaires.

On est loin de l’annulation de l’empreinte hydrique attendue, mais bien au final dans la mauvaise publicité. Surtout qu’Amazon a mandaté des organisations à but non lucratif pour « créer une méthodologie acceptée à l’échelle mondiale pour quantifier les avantages des projets de restauration des bassins versants« . Une approche aujourd’hui qualifiée de méthodologie pour masquer l’empreinte hydrique !

Le document pointé du doigt affirme que « l‘utilisation indirecte de l’eau représente environ 90 % de l’empreinte hydrique totale d’Amazon« . Rapporté aux chiffres cachés, on peut affirmer que la consommation d’eau des infrastructures d’Amazon est dans la moyenne de ses concurrents. Par contre, en termes de perte de confiance, le résultat pourrait les dépasser largement…

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