Quand les pays ‘sous-développés’ se développent, ils adoptent directement les dernières technologies et utilisent l’expérience sociétale des économies matures. Ils ne s’embarrassent pas d’un existant qui n’existe pas et vont tout de suite vers le meilleur. De ce fait, et l’histoire l’a démontré, ils ne se contentent pas de rattraper leur retard, ils prennent… la première place.
Le 19ème siècle a été européen, le 20ème américain et pour le moment le 21ème est asiatique. Je reviendrai plus tard sur le « pour le moment ».
L’Afrique sera-t-elle le prochain leader ?
Je lui souhaite, et compte-tenu du début de cet article, ce serait donc la suite logique.
Par rapport aux évolutions historiques, un aspect vient clairement amener une nouvelle donne : la vitesse de transformation.
Au 19ème siècle, il a été assez facile de convertir un maréchal-ferrant en conducteur de train : la mutation a mis plus de cinquante ans et a permis aux populations de s’adapter sans heurt. L’évolution requise en termes de compétence était également tout à fait réaliste.
Aujourd’hui, la destruction créatrice schumpetérienne est mise à mal. Comment transformer en deux ans une caissière de supermarché en ingénieur Big Data ?
Cette vitesse est anxiogène, porteuse de désespoir pour ceux qui ne savent plus s’adapter (il suffit de voir la détresse populaire des gilets jaunes en France) et bouleverse radicalement nos sociétés.
Pourtant, cette vitesse est synonyme de perspective pour le continent africain.
Ainsi, l’Afrique pourrait ne pas attendre le 22ème siècle pour devenir un leader économique.
La croissance démographique, portée par une jeunesse avide de changement et de progrès, capable de s’adapter aux technologies digitales, peut changer la donne. La « reverse innovation » numérique, déjà prouvée par des premières technologiques mondiales créées en Afrique, est possible.
Bien sûr, il ne faudra pas que cet élan soit confisqué ou ralenti par des politiques économiques non vertueuses, mais cette dernière décision est dans les mains des peuples africains.
Nota
Olivier Labbe a participé il y a quelques jours à l’Africa CEO Forum qui s’est tenu à Kigali, au sein d’une délégation française menée par la BPI (Banque Publique d’Investissement).
Il est intervenu en tant que Directeur Général de Cap DC, fédération d’ingénieries sud-européennes et africaines spécialisée dans la construction de datacenters professionnels, une des infrastructures clés dans l’économie digitale. Avec 6 présences sur le continent, ses ingénieurs, à Dakar, Rabat, Alger, Accra, Douala et Nairobi, développent aujourd’hui les bases numériques du continent.