Les data centers fantômes de l’IA menacent l’écosystème

Aux Etats-Unis, passé la légitimité des hyperscalers et de leurs partenaires dans la colocation, 90% des demandes liées à des projets de datacenters d’IA dans les hubs seraient fausses, portant sur des ‘data centers fantômes’ !

Le marché du datacenter n’a jamais été aussi florissant. Attisé par le déploiement des infrastructures d’IA, il attire les hyperscalers et leurs partenaires dans la colocation. Mais aussi de nouveaux entrants, investisseurs et promoteurs immobiliers, qui lorgnent sur des revenus spéculatifs…

Aux Etats-Unis, la tension est forte sur la production et le transport de l’énergie. C’est pourquoi un projet de datacenter ou de campus sur un hub internet se concrétise au départ par des demandes portant sur des capacités énergétiques. Dans les processus, le financement, l’acquisition du foncier comme les travaux démarrent après.

C’est ainsi que les services publics en charge de l’énergie se retrouvent submergés de commandes de capacités énergétiques, qui rapidement dépassent celles de leurs réseaux. Ce qui les incite parfois à fermer les vannes, quels que soit l’origine et le sérieux d’un projet

C’est là que pèse la menace des data centers fantômes : ces projets seraient portés par des spéculateurs, voire de promoteurs immobiliers véreux, dont seule une fraction prévoit de construire. La majorité d’entre eux – le chiffre de 90% des demandes en énergie circule – spéculent, attirés par la manne de l’argent facile associée au marché du datacenter.

La spéculation porte sur la surenchère sur le foncier disponible et sur les allocations d’électricité, avec parfois des dizaines d’acquéreurs potentiels mal identifiés.

Autre pratique, la surenchère sur les capacités des campus. Annoncer plusieurs gigawatts et faire miroiter plusieurs milliards de dollars d’investissements alimentent la spéculation, alors que la réalité logistique rend ces projets déraisonnables voire irréalisables. Mais les spéculateurs ne cherchent pas à construire, mais à revendre leurs projets en ayant sécurisé la capacité électrique.

Ce miroir aux alouettes des datacenters d’IA est alimenté par le battage médiatique et par l’afflux des capitaux ‘faciles’, qui attirent les spéculateurs. Il risque fort de créer une bulle spéculative autour de la production d’énergie. Pour les énergéticiens invités à produire plus, à la limite de leurs réseaux, et sans plus de précaution pour l’environnement. Et pour la production sur site, présentée comme un nouvel Eldorado, mais aux échéances incertaines, en particulier sur les technologies et sur les micro-centrales nucléaires.

Avec les data centers fantôme, aux Etats-Unis mais on l’imagine aussi dans d’autres régions du monde, c’est tout l’écosystème des datacenters qui est mis en danger par les spéculations. A moins de revenir à plus de réalisme, de se donner les moyens de mesurer le sérieux des projets, et de ne pas céder à l’appel des sirènes…

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