Effets en série, fragilité des réseaux, failles des télécoms, force du secours, nucléaire… Les enseignements de la panne du réseau électrique qui le 28 avril a touché l’Espagne, le Portugal et le sud de la France sont multiples et méritent que l’on s’y intéresse.
L’origine (probable) de la panne
Commençons par la cause de la panne massive. Officiellement, la cause exacte est encore, au moment où nous écrivons ces lignes, en cours d’enquête. Mais l’opérateur national du réseau électrique du Portugal a diffusé un communiqué qui semble répondre à la question :
« En raison de variations extrêmes de température à l’intérieur de l’Espagne, des oscillations anormales se sont produites sur les lignes à très haute tension (400 kV), un phénomène connu sous le nom de vibrations atmosphériques induites. Ces oscillations ont provoqué des défauts de synchronisation entre les systèmes électriques, entraînant des perturbations successives sur le réseau européen interconnecté.«
Donc, un phénomène atmosphérique rare a entraîné des oscillations inhabituelles sur les lignes à haute tension, avec une perturbation de l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité, provoquant une instabilité de fréquence, qui a déclenché des pannes en cascade d’une ampleur extrêmement rare.
En Espagne, le principal enseignement énergétique de la panne massive pourrait bien porter sur le nucléaire. Alors que le projet d’abandonner progressivement les centrales semblait acquis, il pourrait bien être mis en suspens.
Au niveau européen, c’est une nouvelle preuve que même si le maillage des réseaux de transport de l’électricité est l’un des meilleurs au monde – par comparaison, il est catastrophique aux Etats-Unis ou en Asie -, il n’est pas à l’abri de phénomènes rares et mal maîtrisés, comme un incendie à l’aéroport d’Heathrow ou la coupure d’une ligne hydroélectrique entre l’Italie et la Suisse.
Datacenters et télécoms
Nous n’avons pas encore eu d’écho de la part des opérateurs de datacenters en Espagne, mais on imagine que pour certains d’entre eux les groupes de secours ont dû fonctionner durant des heures, et que les plans de livraison de diesel en urgence ont été activés.
On en sait plus du côté des télécoms. Qu’il s’agisse de Telefonica, de MasOrange ou de Vodafone Espagne, l’effet semble avoir été monstrueux. Téléphonie, communication sans fil, internet, ce serait près de 90% des communications qui ont été perturbées dès l’origine de la panne et dans les heures qui ont suivi.
Deux chiffres pour mesurer ce constat : la demande d’électricité en Espagne a affiché une baisse d’environ 50 % sur la période de la panne ; sur la même période, la baisse du trafic mobile a été de l’ordre de 70 %, celle du trafic Internet des utilisateurs en Espagne et au Portugal a été d’environ 75 %.
Les opérateurs télécoms ont confirmé que leurs services ont été maintenus dans les centres de contrôle et dans leurs datacenters… au prix de la mise en marche des générateurs de secours. Les groupes ont assuré, à grande échelle, leur mission de secours et démontré leur utilité dans la réalité. Quant aux réserves de diesel, il apparaît que les sites disposaient d’une « autonomie suffisante » jusqu’au rétablissement de l’électricité, dixit les opérateurs…
Tels sont les premiers enseignements que nous pouvons tirer de cet incident. Complété d’un dernier élément : immédiatement après la panne, la rumeur d’une cyber attaque sur le réseau électrique a circulé. Il semble désormais difficile de se détacher de ce type d’affirmation, et de menace, la vigilance est de règle.
[…] qui le 28 avril a touché l’Espagne, le Portugal et le sud de la France – lire « Les premiers enseignements de la panne électrique ibérique : origine, télécoms et datacenters » – nous avons fait le constat de l’absence d’information en provenance des […]