En 2023, le déploiement de l’intelligence artificielle (IA) au sein des entreprises a occupé une place prépondérante parmi les tendances technologiques. Toutefois, 2024 s’annonce marquée par l’arrivée de nouveaux défis susceptibles d’influer considérablement sur les entreprises et sur leur adoption réussie de l’IA.
Expert - Gabriel Ferreira, directeur technique France, Pure Storage
Des aspects tels que le stockage, la gestion des données, ou encore la durabilité seront notamment au cœur de ces défis. En parallèle, les impératifs liés au développement durable continueront d’exercer une influence déterminante sur les choix d’investissements technologiques, qui pourraient potentiellement accélérer la transition vers des modèles de souscription. Cette nouvelle année 2024 s’annonce donc riche en défis et en opportunités technologiques considérables, et il y a fort à parier que seuls les fournisseurs et les entreprises capables de s’adapter pourront en retirer un avantage compétitif certain.
Une nouvelle vague d’adoption des conteneurs prévue pour 2024
L’engouement autour du développement et de la mise en œuvre de solutions d’IA générative a pour effet d’engendrer un regain d’enthousiasme pour les conteneurs, déclenchant ainsi une nouvelle vague d’adoption de cette technologie déjà en pleine expansion. Pour répondre aux exigences de l’IA, les experts de la data et les développeurs recherchent une plateforme agile qui leur permette de satisfaire les demandes des entreprises. C’est dans cette perspective que Kubernetes et le stockage par conteneurs en général s’impose de plus en plus comme la plateforme la plus adaptée.
Les conteneurs jouent un rôle fondamental dans le domaine de l’IA, intervenant pratiquement à tous les niveaux car les outils associés y sont entreposés. Leur importance s’étend également à la formation des Large Language Models (LLM), un aspect de l’IA extrêmement complexe à assimiler. La formation d’un tel modèle implique notamment l’exécution de divers processus, tels que la curation, le nettoyage, ou encore l’augmentation des données – des processus où tous les outils nécessaires sont conteneurisés.
Après avoir adopté les conteneurs dits « stateless » (où les charges de travail sont déplacées), puis « stateful » (où les bases de données et les applications stratégiques ayant besoin d’un stockage sont déplacées), 2024 verra l’avènement d’une nouvelle phase avec l’exécution du pipeline de données d’IA et de la chaîne d’outils directement dans le conteneur. Cela devrait permettre à l’IA de continuer à stimuler l’adoption des conteneurs en 2024 ainsi que dans les années à venir.
Les nouvelles réglementations joueront un rôle majeur dans les prochaines acquisitions technologiques
Les évolutions politiques et réglementaires en Europe et aux États-Unis maintiennent leur influence sur le marché des technologies, contraignant les responsables d’achats IT à intégrer les nouvelles obligations légales dans leur processus décisionnel. En 2024, les évolutions réglementaires se focaliseront principalement sur deux axes spécifiques : la résilience – notamment dans le domaine de la cybersécurité – et la durabilité des technologies de l’information et de la communication (TIC), à l’image de l’initiative DORA, dont l’objectif consiste à permettre au secteur financier de faire preuve de davantage de résistance face aux incidents liés aux TIC.
Concernant le développement durable, les entreprises sont désormais tenues d’évaluer et de déclarer les émissions de gaz à effet de serre (Scopes 1, 2 et 3) générées au sein de leurs chaînes logistiques. Un exemple notable est la directive sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises (ou CSRD), qui renforce les règles relatives aux informations sociales et environnementales devant être déclarées par les organisations. Ces nouvelles dispositions visent à aider les investisseurs à jauger l’impact des entreprises sur l’environnement et la société avant de sélectionner les technologies qu’ils souhaitent acquérir.
De fait, les entreprises devront analyser tous les actifs technologiques susceptibles de les intéresser de manière approfondie avant de prendre tout décision d’achat, étant donné que cette dernière donnera lieu à un rapport et qu’elles recherchent avant tout une infrastructure combinant efficacité et coûts minimes. Dans ce contexte, les fournisseurs de technologies devront faire preuve de transparence totale concernant leurs produits et leurs solutions en matière de conformité actuelle et future. Ceux qui seront en mesure de fournir des justificatifs fiables et solides, notamment au sujet du développement durable, bénéficieront d’un avantage compétitif significatif.
Privilégier les dépenses d’exploitation : une approche plus durable
En 2024, le marché des technologies sera grandement influencé par les préoccupations persistantes à l’égard de la santé de l’économie, de la conjecture difficile ou encore des coûts énergétiques élevés ; cela pourrait inciter les entreprises à privilégier les dépenses d’exploitation au détriment des dépenses d’investissement. Pour cette nouvelle année, les clients devront donc persévérer dans leurs efforts d’optimisation budgétaire ; ils pourront notamment se tourner davantage vers les services de souscription, qui offrent la possibilité de payer uniquement pour la technologie utilisée et écartent la nécessité d’engager d’importantes dépenses en capital.
Au-delà des contraintes budgétaires directes, la croissance des abonnements continuera d’être partiellement stimulée par l’incertitude qui entoure l’utilisation complète de nouveaux actifs. Il paraît effectivement plus judicieux d’opter pour une souscription à un service plutôt que de se lancer dans un investissement certain, surtout lorsque l’utilisation totale d’un actif reste assez vague. Néanmoins, ces services de souscription ne connaîtront le succès que si la mise en place d’accords de niveau de service (SLA) pertinents entre également en jeu. En outre, avec cette multitude d’abonnements mis à disposition sur le marché à l’heure actuelle, les acheteurs deviennent plus pointilleux et demandent des garanties sur des aspects clés du service, tels que la protection des données, l’efficacité énergétique et le développement durable.
Cette tendance s’étend également aux datacenters puisque les opérateurs privilégient de plus en plus les modèles à la demande qui permettent une mise en service juste à temps des actifs. Cette approche leur offre ainsi un meilleur contrôle des coûts énergétiques en diminuant la consommation, tout en les aidant à atteindre leurs objectifs en matière de développement durable. Dans ce contexte, l’utilisation des plateformes au sein des datacenters sur une durée entre trois à cinq ans constituera le principal contributeur aux émissions de CO2. Les entreprises en sont pleinement conscientes et prendront cet élément en considération lors de leurs décisions d’achat pour 2024 ainsi que pour les années à venir.