Au Texas, les datacenters ont fait tourné leurs générateurs de secours, un test de résistance… pas toujours réussi !

Le Texas sous la neige a affronté des conditions météorologiques extrêmes auxquelles le riche état américain n’était pas préparé. La production et la fourniture électriques ont été mis à mal. Les principaux acteurs de la colocation affirment avoir maintenu un servie continu à leur client, imposant cependant de mettre à contribution les générateurs de secours et autres groupes électrogènes. Mission accomplie, sauf que leurs clients hors de l’Etat ont constaté de nombreux dysfonctionnements !

Les conditions climatiques que l’état américain du Texas a affronté sont exceptionnelles, certes, mais les opérateurs des quelques 200 datacenters en colocation (et plusieurs milliers de datacenters privés) sont restés soumis contractuellement à leurs clients qui exigent d’eux la continuité du service critique.

Le Texas a une particularité, c’est le seul état dans la région à disposer d’un réseau électrique autonome intérieur, sous la tutelle de la Texas Public Utility Commission (PUC). Par ailleurs, la production (185 sources) et la distribution sont assurées dans la majeur partie du Texas par le réseau indépendant ERCOT, dont les datacenters figurent parmi les clients.

Lorsque la neige a surpris les Texans – plus d’un million de pannes ont été signalées – ERCOT a déclaré que plus de 43 000 mégawatts (MW) de production ont été perdus, 26 500 MW de production thermique (gaz naturel et pétrole) et près de 17 000 MW d’énergie éolienne et solaire. ERCOT a dû affronter en particulier un approvisionnement limité en gaz, qui plus est en basse pression, ainsi que le gel des éoliennes et de l’instrumentation. Puis la reprise a été ralentie par la persistance du froid.

Pour maintenir une alimentation fiable, assurer un service ininterrompu à leurs clients et maintenir une disponibilité de 100% pour les services numériques critiques et essentiels, tout en affrontant la réduction de la charge sur le réseau en difficulté de l’État, la majorité des datacenters ont été contraints de faire tourner leurs générateurs de secours d’urgence et groupes électrogènes afin de compenser la perte d’électricité, doublée du gel des sources d’eau.

Ce qu’ont confirmé Digital Realty, Equinix, QTS, CyrusOne, DataBank, Evoque, ou encore Microsoft Azure, qui affirment avoir maintenu la disponibilité et rendu un service stable.

Ce n’est pourtant pas ce qu’ont constaté de nombreux clients extérieurs au Texas. L’information commence à circuler, des services assurés à partir des datacenters texans ont été interrompus, souvent quelques dizaines d’heures, mais parfois beaucoup plus longuement. Il faudra attendre que les langues et les contrats se délient pour en savoir plus.

S’y ajoute une autre difficulté : le prix de l’électricité au Texas varie suivant la qualité de sa fourniture. Chez les particuliers, la facture durant la période de neige s’est faite salée… Au plus fort de la tempête, la PUC a ordonné à ERCOT de maintenir des prix de l’énergie plus élevés pour refléter la rareté croissante de l’électricité.

Les industriels qui ont su anticiper et négocier des contrats pluriannuels avec lissage du prix sur une longue période, limitant le risque de sur-facturation, s’en sont certainement mieux sortis. Mais on voit difficilement comment l’inévitable hausse de la facture ne pourra pas être répercutée sur celle des clients…

L’épisode hivernal texan, inattendu, aura eu cependant deux effets positifs :

  • Le test de résistance grandeur nature a permis de valider la promesse de disponibilité de la majorité des datacenters. A la condition cependant que ce type d’épisode météorologique ne se renouvelle pas trop souvent, ni qu’il ne s’aggrave dans son ampleur…
  • Il a démontré que les acteurs du datacenter peuvent également faire preuve de solidarité ; au pic de la tempête de neige, certains datacenters n’ont pas hésité à ouvrir leurs portes à la population locale qui pour une fois a pu bénéficier de la chaleur fatale…

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