Cloud français : stop ou encore ?

Le 2 novembre dernier, Cédric O a annoncé un plan de soutien pour le cloud français. Considérant que le cloud constitue un potentiel économique indéniable pour l’Europe et pour la France, le gouvernement a lancé le 17 mai 2021 une stratégie nationale pour le cloud qui vise à relever les défis posés par le cloud en matière de souveraineté économique et technologique et de protection de données.

Construit avec la filière cloud, le plan constitue le troisième pilier de la stratégie nationale pour le cloud, à la suite de la nouvelle doctrine « cloud au centre » pour transformer les pouvoirs publics et de la valorisation des offres de confiance détentrices du label SecNumCloud.

La dotation globale sera de 1,8 milliard d’euros dont 667 millions provenant de l’Etat, 680 millions d’un cofinancement privé et 444 millions européens. 

Cette stratégie mise sur l’innovation et les atouts des cloudeurs français en :

  • soutenant l’essor des offres françaises innovantes, y compris provenant du logiciel libre, 
  • accélérant le passage à l’échelle des acteurs français sur les technologies critiques très demandées, telles le big data ou le travail collaboratif 
  • intensifiant le développement de technologies de rupture à horizon 2025, telles que l’edge computing afin de positionner la filière européenne comme un futur champion. 

23 projets R&D, soit 421 millions d’euros, ont déjà été sélectionnés, avec une majorité de projets venant de startups, de PME et d’instituts de recherche. 66 millions seront consacrés à la recherche autour de ces technologies de rupture, à travers un Programme et Equipements Prioritaires de Recherche (PEPR) piloté par le CEA et l’INRIA.  Ce programme de recherche s’appuiera sur l’ensemble de nos forces de recherche académique dans des domaines allant du matériel au logiciel, de la consommation d’énergie, au développement de nouvelles architectures, de la cyber-sécurité et à l’intelligence artificiel, en synergie avec les autres stratégies sur le numérique lancées par le Gouvernement.

« La bataille va être difficile, les trois grands fournisseurs américains de cloud ont misé plus de 14 milliards d’euros dans les investissements européens au cours des quatre derniers trimestres. De plus ces entreprises s’allient avec des acteurs locaux pour segmenter le marché européen. Il sera aussi intéressant de voir comment ces 1,8 Milliards seront utilisés, dans le respect des règles Européennes… La solution viendra de l’Europe qui doit coordonner son marché et des états qui doivent jouer le jeu et engager des commandes auprès d’acteurs régionaux, » explique Jean-Paul Alibert, Président de T-Systems France 

Les réactions sont mitigées. Le problème est que la réalité est difficile à oublier. Les grands acteurs du cloud investissent tous les ans des dizaines de milliards d’euros pour construire et moderniser leurs datacenters. Et surtout, ce sont des acteurs mondiaux capables d’agir localement. 

Si à cette annonce, Gaia-X, le grand cloud européen, a été cité en référence à plusieurs reprises, le projet a du mal à s’imposer et à s’étendre. D’abord vu comme un projet purement européen, il s’est ouvert à d’autres fournisseurs, même si des clauses restrictives ont été incluses. Les acteurs du cloud et de l’infrastructures travaillent tôt ou tard ensemble. Gaia-X devra prouver sa pertinence… rapidement. Fournisseur cloud européen le plus important, Deutsch Telecom ne pèse que 2 % du marché européen. 

A voir aussi comment l’initiative française se positionnera dans les prochains mois vis-à-vis de Gaia-X. 

Une enquête sans concession de politico a été publiée sur les dessous du projet : cliquer ici.

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