Les datacenters victimes du syndrome NIMBY

Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a lancé un appel pour un nouveau “Bauhaus européen”, un programme de construction où le nécessaire n’est pas antagoniste du beau et du durable. Ce programme cible en particulier la pratique du NIMBY. Mais ce quoi s’agit-il ?

Le syndrome NIMBY (Not In My Back Yard) c’est celui de l’opposition des résidents à un projet de plan de développement dans leur région. Il décrit le phénomène de résistance catégorique des communautés à un projet qui se tient près de chez eux, alors qu’elles en seraient les partisans en dehors de leur lieu d’habitation.

Nous connaissons de nombreux exemples de projets qui ont rencontré une très forte opposition NIMBY, qu’ils soient ou non bénéfiques à la communauté. Des aéroports, des usines, des immeubles figurent dans le collimateur des habitants. On en voit également chez des citadins qui s’implantent en campagne mais finissent par la renier, allant jusque devant les tribunaux pour faire taire un coq ou éloigner l’odeur des vaches… Et ce phénomène ne cesse de s’amplifier.

Les datacenters et les énergies renouvelables victimes de NIMBY

Les datacenters figurent parmi les victimes de NIMBY, bloqués par des associations de quartier qui dénoncent qui la pollution environnementale, qui la pollutions architecturale, qui la consommation énergétique, qui la faible création d’emplois directs, etc. NIMBY est par exemple en partie à l’origine du moratoire qui interrompt les constructions de nouveaux datacenters à Amsterdam.

Au moment où la société entend se lancer sur la voie de la décarbonation, le syndrome NIMBY se fait également obstacle aux projets d’énergies renouvelables. Une centrale nucléaire située à une dizaine de kilomètres rencontre moins d’opposition qu’une éolienne placée dans le champ derrière son jardin. Même si l’implantation de divers projets réduirait fortement le taux de chômage local.

Pourquoi les NIMBY s’opposent à de nouveaux projets de développement ?

Il y a trois moteurs principaux au phénomène :

  1. Le manque de confiance
    Les résidents ne croient pas que les promoteurs agiront dans le meilleur intérêt des résidents. NIMBY agit comme un mécanisme de protection – peu importe à quel point le développement peut être bénéfique, les communautés craignent qu’il y ait d’autres motifs en jeu.
  2. La dilution de la culture
    Les individus d’une communauté s’identifient à leur propre groupe. Lorsqu’un nouveau plan de développement a lieu près de leur communauté, les résidents ont souvent le sentiment que leur culture est menacée par des étrangers.
  3. La peur du changement
    Les communautés ont peur du changement. Les objections sont profondément enracinées dans la crainte que le nouveau développement change l’identité ou le caractère du lieu avec lequel les résidents ont un lien étroit.

Comment résoudre les conflits ?

Depuis trop longtemps, l’efficacité des plans d’urbanisme est diluée au gré de décisions attentistes ou contradictoires de pouvoirs publics tétanisés. Sans nier l’existence de nuisances, il y a moyen de les circonscrire et de les limiter par des réglementations urbanistiques et industrielles intelligentes.

Si la solution des conflits NIMBY n’est pas simple, elle existe et passe par :

  • une concertation locale intelligente ;
  • et une vue intelligente et dynamique de l’aménagement du territoire.

Et si rien n’est fait, le risque est grand de basculer du syndrome NIMBY au syndrome BANANA (Build Absolutely Nothing Anywhere Near Anyone)…

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