Revirement chez Morgan Stanley, qui cherche à se décharger d’une partie de son exposition aux prêts « data-centers IA ». La banque envisage de céder une partie de son portefeuille de prêts accordés aux infrastructure des datacenters pour l’IA via le mécanisme Significant Risk Transfer (SRT).
Pour financer des projets spectaculaires de datacenters, l’année 2025 a vu un recours massif à la dette. Mais le boom de prêts lié à l’explosion de l’IA entraîne un excès de dette et des risques pour les banques.
Morgan Stanley, par exemple, a récemment mis en place plus de 27 milliards de dollars de dette (et environ 2,5 milliards d’equity) pour financer un projet de méga-datacenter pour Meta en Louisiane. Et participé activement dans des émissions obligataires à haut rendement (“junk bonds”) pour des sociétés dont les fonds ont été en partie utilisés pour construire de nouveaux datacenters.
C’est ainsi que le secteur des datacenters affiche une dépendance accrue à la dette (plutôt qu’au cash-flow interne) pour financer l’IA, ce qui le rend plus fragile. D’autant que la rentabilité des projets n’est pas toujours assurée, d’où un risque pour les prêteurs.
Morgan Stanley a donc annoncé qu’elle va se décharger d’une partie de son exposition aux prêts « data-centers IA », et céder une partie de son portefeuille de prêts accordés à des entreprises impliquées dans l’infrastructure des datacenters pour l’IA via un mécanisme appelé Significant Risk Transfer (SRT).
Le SRT permet à la banque de transférer le risque de crédit — donc le risque d’impayés — à des investisseurs institutionnels, en émettant des titres adossés au crédit. Ce mécanisme lui offrirait une marge de manœuvre pour alléger son bilan et libérer des capacités de prêt.
Morgan Stanley a entamé des discussions préliminaires avec ces investisseurs, mais à ce stade, aucun accord définitif n’est assuré.
Le revirement de Morgan Stanley pourrait se traduire par un mauvais signal lancé au marché. Qui s’interroge en parallèle sur le déséquilibre énergétique en exprimant des doutes sur la capacité à soutenir durablement l’expansion des infrastructures IA (l’énergie nécessaire pour alimenter les datacenters), ce qui pourrait peser sur les cash-flows des opérateurs, voire leurs capacités à rembourser leurs dettes.
Et au-delà… sur le marché du crédit : un afflux de dettes liées à l’IA – selon les projections de Morgan Stanley, les géants du cloud et de l’IA pourraient dépenser environ 3 000 milliards de dollars en infrastructures de data-centers d’ici 2028 – pourrait accroître les risques systémiques, d’où la prudence des grandes institutions financières.

