Baromètre NIJI – Transformation digitale : cap sur l’efficacité opérationnelle

Niji publie la quatrième édition de son baromètre annuel, qui met en lumière les avancées et défis majeurs de la transformation digitale en France.

Niji, société de conseil, de design et de mise en œuvre technologique, accompagne depuis 2001 PME, grands groupes, ETI et administrations dans leur transformation digitale. Forte de son expérience et d’échanges construits avec ses clients, elle publie ce jour la quatrième édition de son baromètre annuel. Où en est-on la transformation digitale en France ? De la montée en maturité des organisations au potentiel encore sous-exploité de l’IA générative, les enseignements de cette édition révèlent les clés d’une transformation alignée sur les enjeux de productivité et de compétitivité, le tout dans un contexte économique exigeant. Cette édition 2025 du baromètre Niji met également en lumière une série de paradoxes qui traversent la transformation digitale des organisations, révélant une tension permanente entre ambitions stratégiques et réalités opérationnelles.

Parmi les principaux chiffres à retenir :

  • 91% des organisations souhaitent que la transformation digitale serve leur efficacité opérationnelle (vs. 84% en 2024).
  • 41% des entreprises estiment disposer d’un modèle économique conduit par la technologie.
  • 50% des investissements concernent le SI métier en back-end contre 20% pour l’IA et la Data.
  • À ce jour, seule 1 organisation sur 3 a simplifié l’architecture de son système d’information (vs. 38% en 2024).
  • 15% des organisations ont structuré les données vers une approche produit (vs. 7% en 2024) et 69% sont en train de le faire (vs. 49% en 2024). 
  • Alors que la conduite du changement et l’adoption sont devenues des clés incontournables de la transformation digitale, seules 29% des organisations maîtrisent ces compétences (vs. 24% en 2024). 
  • 73% des organisations n’ont pas encore mis en place de processus d’amélioration continue basée sur des indicateurs IT. Plus encore, seules 35% des organisations définissent des indicateurs IT en lien avec leur vision stratégique. 
  • 71% des organisations déclarent avoir déployé des cas d’usage IA générative sur leur chaîne de valeur digitale. 
  • 75% des organisations ne maîtrisent toujours pas la mesure d’indicateurs “green” (vs. 76% en 2024). 

« La transformation digitale entre dans une nouvelle phase : celle de la performance opérationnelle. Après une décennie d’investissements dans les technologies, la data et la culture produit, les organisations et administrations doivent désormais concentrer leurs efforts sur ce qui structure leur efficacité interne. Le digital ne se limite plus à l’expérience client ou à la croissance des revenus : il doit désormais irriguer les processus, les fonctions support et les chaînes de valeur. » résume Romain Delavenne, Directeur Consulting, Niji.

« Le Baromètre Niji 2025 souligne une nouvelle priorité stratégique des entreprises : la mesure des gains réels (coûts, délais, qualité, productivité) pour piloter une transformation plus rationnelle et concrète. Il met également en lumière le rôle croissant de l’intelligence artificielle générative, dont les cas d’usage internes se multiplient, mais dont la réussite dépend encore d’un cadre de déploiement clair et d’une conduite du changement structurée, complète Karen Tetelbom, Directrice Conseil, Niji. Enfin, cette édition intègre un nouvel enjeu : celui de la souveraineté numérique. Face à un contexte géopolitique incertain et à une dépendance accrue aux technologies américaines, les organisations et administrations doivent repenser leurs choix technologiques à l’aune de leurs priorités économiques, sociales et environnementales. Le digital devient ainsi un levier d’impact, de rationalité et de souveraineté. ».

Les 7 paradoxes de la transformation digitale

Au total, sept difficultés dessinent un paysage contrasté, où l’écart se creuse entre les intentions affichées et la réalité des pratiques.

  1. Alors que les attentes en matière de transformation digitale sont toujours très élevées, et même en forte hausse (90%), les budgets alloués ont tendance à diminuer (50%). 
  2. L’efficacité opérationnelle est prioritaire pour 91% des organisations, mais seulement 31% d’entre elles ont la capacité à transformer les processus. 
  3. Avec la pression mise sur les budgets, la fonction technologique doit apporter toujours plus de bénéfices pour chaque euro investi (100%), mais les efforts d’optimisation se concentrent sur l’ajustement de la demande à court terme (81%) plutôt que sur la recherche de simplification et de rationalisation de la fonction technologique. 
  4. Les investissements doivent impérativement générer de la valeur (100%), pourtant les efforts consacrés à la conduite du changement sont sous-optimaux (29%) et peu mesurés (35%). 
  5. En dépit d’un foisonnement des cas d’usage de l’IA générative (89%), ces initiatives restent rarement structurées en véritables projets de transformation (40%).
  6. L’IA est perçue comme un levier majeur d’efficacité technologique (71%), mais son intégration systématique dans la chaîne de valeur est encore très marginale (1%). 
  7. La dépendance à la technologie américaine est significative (75%), alors que les impacts sur la compétitivité et la souveraineté sont encore trop peu anticipés (14%). 

Pour transformer réellement, les organisations devront apprendre à dépasser ces contradictions et aligner leurs moyens, leurs priorités et leurs pratiques.

Et dans le détail ?

Enseignement #1 – Transformation digitale : un cap stratégique maintenu dans un contexte de tension budgétaire

En 2025, la transformation digitale reste au cœur des priorités stratégiques des entreprises et administrations, bien que confrontée à un environnement économique sous contrainte. 90% des organisations déclarent un momentum identique ou supérieur à 2024, et 91% confirment un pilotage par un membre du Comex. Mais la tendance s’inverse côté budgets : 1 entreprise sur 2 signale désormais une enveloppe à l’étal ou en baisse (contre 18% en 2024). Ce paradoxe – ambition intacte, moyens contraints – illustre la nécessité d’arbitrer différemment les investissements.

L’efficacité opérationnelle s’impose à nouveau comme la priorité numéro un (91%, +7 pts), devant l’engagement client (74%) et l’expérience client ou employé (72%). Les investissements se recentrent sur les systèmes d’information métiers et back-end (52%), suivis du digital (28%), de la Data (12%) et de l’IA (8%). Cette réallocation traduit un recentrage sur les fondations technologiques et la performance interne. En revanche, l’engagement pour la durabilité poursuit son recul (33%, -10 pts), signe que les tensions économiques freinent la capacité des organisations à concilier impératifs d’efficacité et ambitions environnementales.

Enseignement #2 – Fondations technologiques, conduite du changement et mesure : les trois leviers clés d’une transformation efficace

Le Baromètre Niji 2025 montre que la réussite de la transformation digitale dépend désormais de trois leviers structurants : la solidité des fondations technologiques, la conduite du changement et la capacité à mesurer l’impact. Si les organisations ont clarifié leur vision stratégique (40% la maîtrisent, 47% sont en cours), et renforcé leur gouvernance entre directions métiers et DSI (58% contre 36% en 2024), des freins persistent dans l’exécution. Les systèmes d’information restent complexes (30% seulement ont simplifié leur architecture), et les plateformes Data/IA sont toujours sous-exploitées (33%).

La transformation des processus internes et la transversalité restent encore en retrait, tout comme la conduite du changement, maîtrisée par moins d’un tiers des organisations (29%). Cette lacune compromet l’adoption réelle des outils, et donc la valeur générée. Par ailleurs, alors que 50% des organisations disent maîtriser leur vision stratégique, elles ne sont que 35% à maîtriser la définition d’indicateurs alignés avec cette même stratégie. Cette rupture entre la formulation d’une vision ambitieuse et sa traduction opérationnelle est également à relier à l’absence de processus d’amélioration continue. L’enjeu est donc clair : faire évoluer la transformation digitale d’une logique de projets vers une logique de performance durable, fondée sur des architectures simplifiées, des équipes accompagnées et des résultats mesurés.

Enseignement #3 – Intelligence artificielle : du test à l’industrialisation, un levier désormais structurant de la performance

2025 marque une bascule : l’intelligence artificielle, générative en tête, passe de la phase d’expérimentation à celle de l’industrialisation. Présente dans l’ensemble de la chaîne de valeur – métiers, relation client, fonctions support et usines technologiques (SI, Digital, Data) – elle devient un levier concret d’efficacité opérationnelle. 71% des organisations déclarent avoir déployé des cas d’usage sur leurs fonctions technologiques, principalement sur le développement (57%) et les tests (48%), avec des gains de productivité de 12 à 14%.

Les entreprises pionnières qui structurent leur démarche autour d’un cadre de transformation – gouvernance dédiée, outils maîtrisés, équipes spécialisées et accompagnement au changement – obtiennent des résultats deux fois supérieurs. Le Baromètre Niji 2025 montre que la performance de l’IA dépend moins des technologies elles-mêmes que de la capacité des organisations à en orchestrer l’adoption. L’IA devient ainsi un chantier transversal, stratégique et culturel, dont la réussite repose sur une gouvernance claire, un pilotage mesuré et une intégration fluide dans les processus métiers. 2026 s’annonce déjà comme étant l’année du passage à l’échelle.

Enseignement #4 – Dépendance et souveraineté technologique : un angle mort stratégique à corriger

Alors que la transformation digitale devient un pilier de compétitivité, le Baromètre Niji 2025 révèle une contradiction majeure : 75% des organisations reconnaissent leur dépendance structurelle aux fournisseurs technologiques américains, mais seules 44% ont engagé une réflexion sur leur souveraineté numérique. Si la prise de conscience progresse – notamment sur les risques liés à la data, à la conformité RGPD ou à la hausse des coûts – les réponses demeurent limitées. Peu d’entreprises établissent un lien entre dépendance et compétitivité, laissant persister un angle mort stratégique.

Le Baromètre Niji 2025 identifie pourtant des pistes concrètes : cartographier les dépendances critiques, qualifier les risques économiques, réglementaires et opérationnels, explorer des alternatives européennes ou open source, et intégrer des clauses de réversibilité dans les contrats. L’enjeu dépasse la simple conformité : il s’agit de regagner maîtrise, résilience et indépendance dans les choix technologiques. En 2025, la souveraineté numérique émerge ainsi comme un levier d’innovation et de durabilité, encore sous-exploité mais incontournable pour l’avenir des organisations.

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