En France, les Datacenters sont très souvent raccordés au réseau électrique public. Toutefois, celui-ci a déjà atteint ses limites en termes de capacité et certaines régions ne pourront plus accueillir d’autres sites. Cette tension impose alors de réfléchir à l’approvisionnement de ces centres avec un mix énergétique dans lequel le gaz, énergie flexible et résiliente, aurait toute sa place. Explication.
Par José GUIGNARD, Adjoint Délégué Marché d'Affaires, Direction Clients et Territoires Ile de France, Délégation Marché d'Affaires, GRDF
De nombreuses régions souffrent de dépendance énergétique. L’Île-de-France importe par exemple 90 % de son électricité. Pourtant, le projet du Grand Paris va générer une hausse de la demande en électricité de 4 000 MW, dont 1 000 réservés aux nouveaux Datacenters. Selon les prévisions, ceux-ci, très gourmands en ressources énergétiques, seront la seconde source de consommation d’électricité après les emplois tertiaires. Autrement dit, il est nécessaire de repenser le Datacenter de demain, son approvisionnement et sa place dans les territoires.
Pourquoi les Datacenters doivent-ils évoluer ?
À ce problème d’approvisionnement s’ajoute le contexte de la transition énergétique et de l’utilisation économe des ressources. Plusieurs facteurs invitent dès lors à repenser le Datacenter de demain : augmentation de la consommation électrique et du coût de l’électricité d’une part, complexification croissante de la gestion du réseau électrique avec l’émergence de différentes énergies renouvelables d’autre part.
De plus, la dépendance électrique pose la question de la crédibilité de la résilience énergétique des Datacenters qui, pour pallier la problématique d’approvisionnement, doivent reconsidérer dès maintenant la qualité et la continuité de leur alimentation énergétique pour une meilleure performance et soulève la problématique de la valorisation de la chaleur fatale.
Si les Datacenters continuent par nécessité de fonctionnement de consommer énormément d’énergie, rien n’empêche, pour autant, de repenser le poids de ces sites sur le réseau électrique. Pour des Datacenters résilients et socialement acceptables, il faut réfléchir à un Datacenter autonome et décarboné.
Décentraliser la production pour renforcer la résilience des Datacenters
Aujourd’hui, nous constatons que le réseau de gaz et les productions décentralisées d’électricité à partir du gaz sont extrêmement résilients. De la capacité à l’appoint, au secours et à l’effacement d’usage électro-intensif, à la valorisation énergétique complète, la cogénération et la trigénération répondent au défi d’une énergie durable.
De plus, les réseaux électriques et les réseaux de gaz offrent une logique de complémentarité unique. Ensemble, ils permettent de renforcer et de conforter la résilience et la redondance énergétique des Datacenters pour assurer les besoins en électricité, en froid et en back-up. Ce mix énergétique, en plus de faire disparaître le diesel des sites, offre davantage de flexibilité et de souplesse suivant la compétitivité du prix des énergies électriques et gaz.
Enfin, travailler à l’autonomie des Datacenters grâce à des productions décentralisées d’énergie permettrait de les ancrer de façon positive dans les territoires. Un site de méthanisation, adapté à l’échelle d’un Datacenter, créerait l’énergie nécessaire au back-up en cas de rupture de l’approvisionnement tout en participant à une économie locale, durable et circulaire. Ainsi, davantage de nouveaux projets nécessaires à la souveraineté numérique pourraient voir le jour grâce aux disponibilités énergétiques territoriales.
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