L’appel à la mobilisation des experts français face au risque d’incendie des batteries lithium-ion

Les batteries lithium-ion sont de plus en plus utilisées. Si elles présentent de nombreux avantages, comme une haute densité énergétique, une faible dégradation et une recharge rapide, elles comportent également des risques importants d’incendie et d’explosion, qui inquiètent les experts et appellent à plus de prévention.

Expert : Benjamin Cherdrong, fondateur de BCFI

Des incendies fréquents et difficiles à maîtriser

Les batteries lithium-ion sont composées de matériaux très réactifs, qui peuvent entrer en court-circuit ou en surchauffe en cas de choc, de surcharge ou de défaut de fabrication. Ce phénomène, appelé emballement thermique, peut provoquer la libération de gaz inflammables et la combustion spontanée des batteries. Les incendies qui en résultent sont très difficiles à éteindre, car ils se propagent rapidement et résistent à l’eau. Ils peuvent aussi entraîner des explosions et la projection de débris.

Ces accidents sont de plus en plus fréquents, en raison de la multiplication des appareils et des véhicules équipés de batteries lithium-ion. Dans le monde, plusieurs cas ont été recensés ces dernières années, causant des dégâts matériels et environnementaux, voire des blessures ou des décès.

Des mesures de prévention et de protection insuffisantes

Face à ces risques, les élus et le gouvernement français ont exprimé leurs inquiétudes et leurs demandes de renforcement des mesures de prévention et de protection. En octobre 2021, le sénateur Jean-François Longeot a ainsi déposé une question écrite au ministre de la Transition écologique, pour lui demander quelles actions il comptait mettre en œuvre pour limiter les risques liés aux batteries lithium-ion. Il a notamment souligné la nécessité de :

  • Sensibiliser les consommateurs aux bonnes pratiques de stockage, de transport et de recyclage des batteries lithium-ion.
  • Renforcer les normes de sécurité et de qualité des batteries lithium-ion, notamment en ce qui concerne leur résistance aux chocs et aux températures extrêmes.
  • Développer des dispositifs de détection et d’extinction adaptés aux incendies de batteries lithium-ion, en collaboration avec les pompiers et les industriels.
  • Favoriser la recherche et l’innovation sur les alternatives aux batteries lithium-ion, moins dangereuses et plus respectueuses de l’environnement.

L’avis des scientifiques sur les batteries lithium-ion

Les batteries lithium-ion sont le fruit de décennies de recherche scientifique, qui leur ont valu le prix Nobel de chimie en 2019. Elles sont considérées comme la technologie la plus performante pour soutenir la transition énergétique, en permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre et la dépendance aux énergies fossiles. Mais les scientifiques reconnaissent aussi leurs limites et leurs défis, et travaillent à les améliorer ou à les remplacer.

Selon Jean-Marie Tarascon, professeur au Collège de France et médaille d’or du CNRS pour ses travaux sur les batteries, le lithium reste la solution pour les batteries de demain, mais il faut changer les matériaux qui l’accompagnent. Il propose notamment d’utiliser des électrolytes solides, plus stables et plus sûrs que les électrolytes liquides, et des cathodes à base de soufre, plus abondant et moins cher que le cobalt. Il s’intéresse aussi aux batteries sodium-ion, qui utilisent un élément plus disponible et moins cher que le lithium, mais qui ont une densité énergétique plus faible.

D’autres chercheurs explorent d’autres pistes, comme les batteries à flux, qui stockent l’énergie dans des liquides, ou les batteries métal-air, qui utilisent l’oxygène de l’air comme réactif. Ces technologies sont encore au stade expérimental, et présentent des avantages et des inconvénients. Le choix de la meilleure solution dépendra des besoins et des contraintes de chaque application.

Des accidents récents et une question parlementaire

Depuis le début de l’année 2024, plusieurs accidents causés par des batteries lithium-ion ont été signalés en France, témoignant de la vulnérabilité de ces dispositifs face aux chocs, aux surcharges ou aux défauts de fabrication.
Le développement des véhicules électriques, encouragé par les politiques publiques, pose également la question de la sécurité des batteries lithium-ion utilisées pour les alimenter. Ces batteries peuvent en effet présenter un risque d’incendie en cas d’emballement thermique, qui nécessite des moyens de lutte spécifiques et adaptés.

C’est pourquoi la sénatrice LR du Var, Françoise Dumont, a adressé une question écrite au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le 5 juillet 2023, pour lui demander quelles mesures il comptait prendre pour prévenir et gérer ce type de sinistre. Elle a notamment souligné la nécessité de :

  • Sensibiliser les usagers aux bonnes pratiques de stockage, de transport et de recyclage des batteries lithium-ion.
  • Renforcer les normes de sécurité et de qualité des batteries lithium-ion, notamment en ce qui concerne leur résistance aux chocs et aux températures extrêmes.
  • Développer des dispositifs de détection et d’extinction adaptés aux incendies de batteries lithium-ion, en collaboration avec les pompiers et les industriels.
  • Favoriser la recherche et l’innovation sur les alternatives aux batteries lithium-ion, moins dangereuses et plus respectueuses de l’environnement.

Un consortium d’experts sur le risque lithium-ion

Quelques experts se sont réunis en consortium afin de partager leurs expériences et leurs connaissances sur les risques liés à l’usage des batteries lithium-ion. Ils constatent que trop peu d’usagers sont informés des risques, les récents accidents et incendies liés aux batteries sont en forte hausse en France et amènent à rechercher des solutions afin de communiquer pour plus de prévention et de sécurité.

Contact : Benjamin Cherdrong – bcherdrong@bcfi.fr

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