Le secteur public poursuit sa transformation numérique

Un secteur attractif et résilient – Le secteur public a poursuivi et accéléré ses stratégies de transformation numérique et de modernisation de ses outils. Le contexte de cette crise a mis en évidence l’importance et le potentiel du numérique et a poussé le secteur public à consacrer plus de temps et de budget aux technologies numériques.

Expert - Franck Nassah, Principal Analyst, Chief Analyst FR chez PAC

Depuis quelques années, le secteur public français est en plein dans sa transformation numérique, et la pandémie a accéléré cette tendance. Les restrictions sociales ont mis en évidence la nécessité de disposer d’infrastructures et d’applications numériques fiables et performantes pour assurer le bon fonctionnement de l’ensemble des administrations et des organismes publics, ainsi que de solutions modernes permettant un meilleur accès des citoyens aux services fondamentaux et une amélioration du fonctionnement quotidien des organismes publics.

Le secteur public s’est toutefois montré particulièrement résilient face à la crise du Covid-19 : les projets IT programmés se sont poursuivis sans encombre pour la plupart. La crise a également été le catalyseur du plan de relance du gouvernement, qui mobilise environ 7 milliards d’euros pour la transformation digitale du secteur public. Bien que la concrétisation de ces fonds reste encore limitée, le contexte démontre d’un certain dynamisme et d’une attractivité qui devraient perdurer dans les prochaines années.

Ainsi, le marché logiciels et services a bénéficié d’une croissance de +4,3% en 2023 dans le secteur public pour dépasser 6,4 milliards d’Euros. Cette tendance va se poursuivre avec un TCAM de +3,7% sur la période 2023/2027.

La mutualisation fait partie des principaux besoins du secteur public : les organisations cherchent à rationaliser leurs environnements IT et harmoniser les services en regroupant les ressources de différentes entités. En conséquence, les besoins en solutions cloud et SaaS augmentent, ainsi que ceux en conseil IT et management, alors que ceux en support technique diminuent.

Le secteur public n’est pas un secteur avant-gardiste, mais certains grands sujets technologiques de ces dernières années commencent à prendre de l’ampleur : les projets autour de la valorisation de la donnée se multiplient, la migration vers le cloud se poursuit lentement mais sûrement alors que le gouvernement a publié sa stratégie de « Cloud de confiance » et le gouvernement a lancé en octobre 2023 une expérimentation d’IA générative.

Le gouvernement souhaite aussi que le secteur public ne soit pas « à la traîne » sur le sujet de la sustainability. Pour cela, il a lancé le premier plan de formation des agents publics à la transition écologique en octobre 2022. L’ambition du gouvernement est de former l’ensemble des agents de la fonction publique, soit 5,6 millions, d’ici 2027. Cette formation s’articule en 3 modules : comprendre, à travers des ateliers de sensibilisation, mettre en pratique, en allant sur le terrain, et restituer en élaborant un plan d’action.

Selon PAC, le secteur public a toutefois encore beaucoup de retard à rattraper en termes de transformation numérique, mais le gouvernement a commencé à passer à la vitesse supérieure ces dernières années. Au lieu de continuer à lancer des projets spécifiques pour chaque entité, la coordination et des projets de plus grande envergure sont privilégiés pour unifier et tirer parti des différentes initiatives numériques qui ont été lancées. Ce fort besoin de mutualisation va stimuler la demande dans le secteur, les programmes devenant généralement complexes et ambitieux, et entraînera de nombreuses opportunités pour les fournisseurs.

Les nouvelles méthodes de travail et la gestion du changement sont également des domaines clés qui doivent être abordés pour réussir la transformation numérique du secteur. Le secteur public étant tristement célèbre pour sa bureaucratie, sa complexité et sa rigidité, des méthodes agiles devraient être mises en œuvre pour gérer efficacement les projets numériques.

Outre cette tendance positive en termes de demande et d’opportunités pour les fournisseurs, PAC observe également un changement dans la manière dont les projets informatiques sont menés : des budgets sont alloués (principalement grâce au plan de relance, mais ils seront probablement renouvelés à son expiration) et les administrations publiques sont moins réticentes à l’idée de faire appel à des fournisseurs externes. Toutefois, il reste beaucoup plus compliqué de s’adresser au secteur public qu’au secteur privé, et la bureaucratie dans les administrations publiques doit être réduite.

Le secteur public reste donc un secteur attractif pour les fournisseurs car il est très résilient. Cela donne une certaine visibilité sur l’activité qui peut être réalisée tout en sachant qu’il est relativement compliqué de bénéficier de croissance à 2 chiffres comme cela peut être le cas dans d’autre secteurs d’activité.

à lire