L’action Digital Realty Trust peine à s’envoler, alors que le secteur des datacenters se porte plutôt bien. La faute à un positionnement qui oscille entre l’IT et l’immobilier.
L’année 2022 s’était présentée sous de bons augures, avec l’action Digital Realty Trust (NYSE : DLR) affichant un record historique à 175 dollars le 3 janvier. L’action s’était toujours inscrite sur une tendance à la hausse, n’enregistrant une importante chute rapidement redressée qu’à l’annonce de la fusion avec Interxion en mars 2020.
Record de courte durée, tout au long de l’année 2022 l’action Digital Realty a accumulé les baisses, jusqu’à 45% par rapport à son record. Sa côte se situe aujourd’hui entre 90 et 100 dollars.
Nous disposons de peu de recul quant à la cotation des acteurs du datacenter sur la bourse américaine. D’abord parce qu’elle sont peu nombreuses, trois très exactement : Equinix, Digital Realty, et DigitalBridge de taille plus réduite. Les trois autres présentes un temps, CyrusOne, CoreSite Realty et QTS Realty Trust, ont été privatisées entre 2021 et 2022, respectivement par les fonds KKR, American Tower et les filiales de Blackstone.
Equinix se distingue avec une action dans les 655 dollars, avec un prix de marché qui vise les 745 dollars. Mais l’action Equinix subit elle aussi des pressions, qui suivent le même rythme.
Pourquoi l’action Digital Realty est-elle aussi chahutée ?
Selon les analystes, l’action Digital Realty souffre de deux phénomènes :
- La cotation de Digital Realty suit celle des IT, or depuis quelques trimestres les entreprises du secteur technologique, qui ont subi la crise Covid et celle de la supply chain, s’inscrivent à la baisse, et cela pourrait continuer.
- Le datacenter est au contraire plutôt considéré comme un acteur de l’immobilier, et c’est d’ailleurs ainsi que le concurrent Equinix est considéré, de même que CyrusOne, CoreSite Realty et QTS Realty Trust dont la privatisation est a été réalisée par des fonds d’investissements spécialisés dans l’immobilier.
Quelques chiffres viennent étoffer l’erreur de positionnement de Digital Realty :
- Les capitalisations boursières sont de 60,6 milliards de dollars pour Equinix et de 29,4 milliards de dollars pour Digital Realty, qui s’affiche pourtant en tête du marché avec près de 300 datacenters, soit plus que son concurrent.
- Mais à y regarder de près, Equinix a adopté une démarche de bail moyen de 15 ans, contre 5 ans pour Digital Realty. La couverture immobilière est trois fois plus faible pour la seconde que pour la première, et cela pèse sur sa cotation.
Pour autant, certains observateurs considèrent le ralentissement de Digital Realty à l’aulne de celui du secteur technologique, soit avec l’assurance que le marché va repartir à la hausse. Sauf qu’en regardant de près, et en excluant la part de la hausse imposée par celle du prix de l’énergie, le loyer dans les espaces de colocation tendrait plutôt à la baisse, répondant en cela à la première attente de leurs clients : la réduction des coûts.
Mais technologies et démographie militent pour les datacenters, avec une présence mondiale globale de bon aloi. Donc l’optimisme reste de mise sur Digital Realty, avec des perspectives à long terme solides et un rendement du dividende proche de 5 %… à la condition de prendre son mal en patience.