A l’issue du débat public sur la création d’un nouveau parc éolien en mer au large de la Normandie, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, et la ministre de la Mer, Annick Girardin, annoncent la zone retenue pour lancer la procédure de mise en concurrence. Elle se situera au large du Cotentin. Le périmètre de cette zone sera affiné au cours de la procédure de mise en concurrence.
D’une capacité d’environ 1000 MW, ce 8e parc éolien en mer français permettra de produire l’électricité nécessaire aux besoins d’environ 800 000 foyers. La présente décision s’accompagne du lancement de la procédure de mise en concurrence en vue de désigner un lauréat pour le développement du parc en 2022.
Ce parc s’inscrit dans la programmation pluriannuelle de l’énergie, qui a été publiée en avril 2020. L’éolien en mer est un enjeu majeur de la transition énergétique, qui va permettre de réduire nos émissions de gaz à effet de serre tout en diversifiant notre mix électrique, ce qui le rend plus à même de faire face à toutes les situations.
La décision sur la zone retenue pour lancer la procédure de mise en concurrence sera complétée ultérieurement de réponses détaillées à chacune des questions soulevées par le débat public, en particulier en matière d’évaluation des impacts environnementaux et socio-économiques, ainsi que de planification de long terme.
De novembre 2019 à août 2020, un débat public a permis de recueillir les avis de plus de 2700 participants. Il a été conclu le 19 octobre 2020 par la publication du bilan par la Commission nationale du débat public. Ce débat a été le premier à se tenir selon les nouvelles modalités prévues par la loi ESSOC de 2018. Il a permis de consulter au plus tôt le public concerné par l’installation d’éoliennes en mer, sur un projet porté par l’Etat. Le débat a été innovant dans sa forme, avec une grande diversité d’outils et d’ateliers de travail pour toucher un large public, mieux l’informer et permettre le recueil de leurs argumentaires. La participation a été bien supérieure à celle observée lors des précédents débats publics sur l’éolien en mer, ce qui confirme la pertinence de ce format.
Les conclusions du débat public ont participé au choix de la zone retenue pour le lancement de la procédure de mise en concurrence. Les zones situées en mer territoriale ont été exclues. La zone retenue se situe à plus de 32 km des côtes et 40 km des tours-observatoires Vauban de St-Vaast-La-Hougue. Sur l’ensemble de la zone portée au débat, celle-ci présente un niveau d’activité de pêche faible et des enjeux de biodiversité limités.
Le débat a mis en avant des points d’attention sur la cohabitation des usages en mer, dont la pêche, et sur la nécessité de maîtriser les impacts environnementaux du parc. Il fait également ressortir le besoin de visibilité à long terme des acteurs locaux.
Le choix de la zone ne résume pas la prise en compte des avis du public. Sous l’égide de la Commission nationale du débat public, un garant va s’assurer des réponses apportées par l’Etat aux interrogations soulevées lors du débat public. Le ministère de la mer a spécifiquement engagé un travail expérimental sur la planification de l’éolien en mer et de son articulation avec les autres usages de la mer sur le long terme, en concertation avec le conseil maritime de façade.
Dans sa décision, la ministre de la transition écologique a annoncé différents engagements pour le développement du nouveau parc, notamment :
- Le cahier des charges de la procédure de mise en concurrence tiendra compte des contributions des participants au débat public lorsque cela est possible et pertinent ;
- Le futur développeur du parc devra étudier les conditions de cohabitation avec la pêche au sein du parc éolien ;
- Des études environnementales seront lancées sur la zone de projet, en concertation avec les acteurs de la façade, et le suivi scientifique du projet ;
- Un site internet d’information du public sur l’ensemble des projets éoliens en mer sera mis en ligne courant 2021.
Outre la mobilisation d’un garant pour s’assurer des suites données au débat public, une enquête publique aura lieu dans le cadre de la future procédure d’autorisation du parc. Enfin, une instance de concertation et de suivi sera mise en place pour constituer un lieu de dialogue privilégié entre les différentes parties prenantes durant l’ensemble de la vie du parc.
- Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique : « La transition écologique doit être une ambition partagée, bénéfique pour tous, adoptée par tous. L’éolien en mer est une formidable opportunité pour le pays, qui dispose du deuxième gisement d’Europe. C’est une technologie décarbonée, renouvelable, compétitive et créatrice d’emplois. Mais son déploiement doit se faire en pleine concertation avec les territoires concernés. C’est pour cela que, pour ce nouveau parc normand, nous avons organisé un débat public inédit, très en amont du projet, avant même qu’une zone d’implantation ne soit définie. Cet exercice a montré qu’il y avait un consensus sur la nécessité de la transition écologique. J’ai également entendu les attentes fortes des riverains, des acteurs économiques locaux et de la société civile. C’est pourquoi j’ai décidé que le futur parc éolien en mer serait installé à plus de 40 km des côtes, dans une zone permettant de limiter au maximum les impacts sur notre paysage, nos activités de pêche, le trafic maritime et l’environnement marin. »
- Annick Girardin, ministre de la Mer : « Ce débat public a souligné combien la question de la planification du développement des énergies marines et plus généralement des usages de la mer est désormais prioritaire. C’est l’une des raisons d’être du ministère de la mer. Le développement de l’éolien en mer est un grand projet de société qui ne se décide pas dans un bureau parisien. Nous poursuivrons les échanges et la concertation, autant que nécessaire, afin de construire un projet commun de mise en valeur, de développement et de préservation de la mer, notre bien commun. Le lancement d’un nouveau projet éolien et l’ambition de planification de long terme doivent aussi tenir compte du contexte de forte incertitude auquel font déjà face les acteurs de la mer en Manche, en particulier au regard du Brexit et pour la pêche, avec un accompagnement spécifique. »
La décision est consultable au Journal Officiel du samedi 5 décembre 2020.