À l’occasion de la NVIDIA GTC Paris 2025 et de VivaTech 2025, NVIDIA a dévoilé une nouvelle génération de datacenters, désormais qualifiés d’“AI factories”, marquant une rupture nette avec les centres de données traditionnels. Ces infrastructures, pensées pour répondre à la demande exponentielle de l’IA générative, sont conçues comme des plateformes industrielles de production massive de tokens, moteurs de la création de valeur numérique.
Expert : BS Teh, Vice-Président Exécutif et Directeur Commercial chez Seagate
Selon IDC, la taille du datasphere mondial triplera d’ici 2028 pour atteindre 394 zettaoctets, alors que la capacité de stockage installée ne progressera que de 17 % par an, contre 24 % pour la création de données – le déficit entre la demande de stockage et la capacité réelle se creusant de manière encore plus significative. Cette transition, loin d’être purement technologique, s’inscrit dans une stratégie d’infrastructure à l’échelle nationale, où la souveraineté, la sécurité et la conformité réglementaire deviennent des enjeux aussi cruciaux que la performance ou la scalabilité.
L’avènement des “AI factories” marque un véritable tournant industriel : nous ne parlons plus de simples centres de stockage, mais d’usines numériques, au cœur de la souveraineté technologique des États et de la compétitivité des entreprises. Cette industrialisation de l’IA impose des architectures sur-mesure, capables d’absorber et d’activer des volumes de données sans précédent, tout en garantissant leur protection face à des menaces de plus en plus sophistiquées.
Dans ce contexte, l’industrie du stockage traverse elle aussi une révolution silencieuse mais fondamentale. Pour répondre à la croissance exponentielle des données générées par l’IA, il ne suffit plus d’ajouter des disques : il faut réinventer la densité surfacique et l’efficacité énergétique. Les innovations de rupture telles que le Heat-Assisted Magnetic Recording (HAMR) permettent aujourd’hui de tripler la capacité de stockage dans le même espace, tout en réduisant de plus de 60 % la consommation énergétique par téraoctet et de 70 % l’empreinte carbone. Cette densification, essentielle pour les “AI factories”, permet d’aligner performance, durabilité et maîtrise des coûts, tout en assurant une gestion intelligente et sécurisée du cycle de vie des données.
Pour les acteurs de l’écosystème, anticiper cette nouvelle ère implique d’adopter une vision globale : il s’agit non seulement de dimensionner l’infrastructure pour absorber le choc volumétrique de l’IA, mais aussi de bâtir des stratégies de stockage résilientes, évolutives et conformes aux exigences locales. L’innovation continue dans la production des disques durs, portée par l’intelligence artificielle et la fabrication intelligente, ouvre la voie à cette nouvelle génération de datacenters fabriques de l’IA.