L’Allemagne veut imposer aux nouveaux datacenters de réutiliser 30% de la chaleur fatale… mais ça ne marchera pas !

Les politiciens allemands entendent forcer les datacenters à exploiter la chaleur fatale dans les réseaux de chauffage urbain afin de réduire leur empreinte carbone. Si les datacenters se disent prêts à céder la chaleur en excès, l’opération pourrait se révéler trop complexe à mettre en place.

En Allemagne comme dans tous les pays européens, les datacenters sont la cible de politiciens et d’organisations souvent mal informés. Il se construit environ 200 nouveaux datacenters par an, mais ils sont l’objet de nombreuses controverses, en particulier les excès de chaleur perdue, la chaleur fatale. Le gouvernement allemand veut légiférer pour imposer son exploitation.

• Fortement étrillé par la crise énergétique, le gouvernement allemand prépare une loi sur l’efficacité énergétique, dont une partie vise à imposer aux datacenters de réaliser une économie de 500 térawattheures d’ici 2030.

• L’un des principaux volets de cette loi porte sur l’obligation faite aux nouveaux datacenters de réutiliser au moins 30% de la chaleur fatale d’ici 2025.

• Selon le législateur allemand, l’exploitation de la chaleur fatale des datacenters reposera sur les réseaux de chauffage urbain.

Les représentants allemands de l’industrie du datacenter se disent prêts à jouer le jeu, à offrir l’accès à la chaleur perdue, et même à financer une partie des travaux nécessaires. Mais dans la réalité, le sujet se révèle autrement plus complexe. Et même si la loi est votée (elle est en cours de préparation par le gouvernement), dans la majorité des cas elle ne sera pas applicable.

Les principales objections sont d’ordre technique et financière :

• Pour que des échanges de chaleur fonctionnent, il faut que le datacenter soit à proximité du réseau de chaleur et de ses utilisateurs, c’est rarement le cas.

• La chaleur fatale récupérée en sortie du datacenter est inférieure à celle injectée dans les réseaux de chaleur, ce qui nécessitera d’investir dans des pompes à chaleur pour amener l’air à un niveau exploitable, ce qui n’a rien d’économique et risque même d’augmenter les coûts.

La question de la volonté politique est également à mettre en cause. Or si la loi allemande impose aux datacenters d’exploiter même une partie seulement de la chaleur fatale, elle ne prévoit pas d’obligation pour les destinataires de cette chaleur de la prendre. L’Allemagne se prépare donc à un futur dilemme pour ses datacenters : leur imposer de s’engager à exploiter la chaleur en excès, mais sans imposer aux potentiels utilisateurs de s’engager également… Deux points de vue qui seront difficile à concilier et permettent d’affirmer que ça ne marchera pas.