La France veut relancer la production locale de légumes afin d’augmenter la souveraineté alimentaire. D’où la nécessité de renouveler et décarboner le parc de serres et d’optimiser la production. Une mission pour le datacenter…
En France, 95% des concombres, 80% des tomates et 60% des fraises sont cultivés sous serres, soit un peu moins de 12 000 hectares d’abris. Un parc vieillissant, dont moins de 1% est chauffé, ce qui pourtant permet de produire des légumes en se protégeant des aléas climatiques, de réduire la consommation d’eau et de pesticides, et de limiter les maladies.
Les serres sont également un outil d’augmentation de la productivité, ce dont notre agriculture a bien besoin, avec plus de 40% de légumes importés le secteur ne cesse de perdre de la souveraineté alimentaire.
Principale limitation à l’usage de serres : le coût de l’énergie. Les serres sont principalement chauffées au gaz (80%), ce qui avec la crise énergétique a multiplié par dix la facture liée aux nouveaux contrats. Le prix de production des fruits et légumes en France est un lourd handicap face aux productions maraîchères du sud de l’Europe et du Nord de l’Afrique.
C’est pourquoi les producteurs français doivent moderniser et étendre leur parc de serres.
Et le datacenter dans tout cela ?
De nombreuses expériences ont montré l’intérêt de disposer de serres autour des datacenters pour exploiter la chaleur fatale au profit de la production maraîchère. Celle-ci doit être maintenue en continu à 20°/21°, c’est une température intéressante car si en sortie la chaleur cumulée émise par les serveurs est supérieure, les pertes sur les échangeurs entre le circuit de refroidissement interne et le circuit externe de transport de la chaleur, puis sur le transport lui-même permettent d’arriver à cette température sans nécessiter de réchauffer l’eau via des pompes à chaleur.
Certes, ce ne sera pas toujours facile à mettre en place, surtout dans les zones urbaines – l’exemple de la serre sur Equinix PA10 est plutôt anecdotique -, mais sur les territoires de nombreuses implantations de datacenters s’y prêtent. Ne rêvons pas, cependant, le volume des serres réchauffées par la chaleur fatale restera lui aussi anecdotique, bien que représentant un débouché intéressant pour les opérateurs des centres de données.
Datacenters et serres high-tech
Il est par contre un autre domaine où le datacenter jouera un rôle important : c’est celui des serres high-tech. Elles le seront par leur conception, plus durable, décarbonée, également par une meilleure maîtrise énergétique. Et surtout par l’automatisation du pilotage des consommations, comme par exemple de contrôler le point du jour, le plus sensible au chauffage dans une serre (piloter en douceur et sans stress pour le légume la bascule du froid de la nuit vers la chaleur du jour).
Dans ce cadre, comme pour la majorité des projets d’automatisation, c’est l’IA qui sera le principal outil des maraîchers. Il faudra la déployer sur des infrastructures IT performantes et de proximité, donc dans une approche Edge. Voilà une belle mission pour nos datacenters. Qui pourrons également, pourquoi pas, intégrer dans leur consommation d’énergie une partie de la production renouvelable des fermes et serres photovoltaïques …