Peut-on, comme le Président Trump, s’attaquer à l’énergie verte sans entraver la croissance des datacenters et compromettre les développements de l’IA ? L’exemple américain inquiète. Plus que jamais, alors que la demande énergétique continue de croître, un équilibre entre développement technologique et durabilité environnementale s’impose.
Tribune de Yves Grandmontagne, rédacteur en chef de Datacenter Magazine
Depuis son retour à la présidence en janvier dernier, Donald Trump a lancé une série de mesures visant à revitaliser l’industrie des combustibles fossiles, notamment le charbon, au détriment des initiatives en faveur des énergies renouvelables. Ces décisions suscitent de vives inquiétudes parmi les acteurs américains des datacenters et de l’intelligence artificielle (IA), qui dépendent de sources d’énergie fiables et durables pour soutenir leur croissance rapide.
Un virage vers les combustibles fossiles
En avril dernier, Trump a signé un décret exécutif classant le charbon comme « minéral critique », retardant la fermeture des centrales au charbon pour favoriser l’alimentation des datacenters, et promouvant l’exportation de technologies liées au charbon. Il a également suspendu les initiatives en matière d’énergie propre et annulé des projets majeurs…
Des besoins énergétiques exponentiels aux implications environnementales
Les datacenters, piliers de l’IA, connaissent une croissance fulgurante de leur consommation énergétique. Devant le Congrès américain, les leaders de l’industrie ont souligné la nécessité urgente d’augmenter la production d’énergie pour soutenir la course à l’IA face à des concurrents, ciblant en particulier la Chine. Les décrets ‘charbon’ de Trump vont donc dans le sens de leurs attentes.
Mais la dépendance accrue aux combustibles fossiles pour alimenter les datacenters soulève des préoccupations environnementales majeures. Outre les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’eau douce pour le refroidissement des serveurs est alarmante.
Les décisions de Trump ont également des répercussions politiques. D’un coté, des entreprises ayant soutenu financièrement la campagne de Trump, telles que les énergéticiens Energy Transfer et EQT Corporation, sont bien positionnées pour bénéficier de la demande croissante en gaz naturel. De l’autre, dix-sept procureurs généraux d’États démocrates se sont mis en opposition et ont intenté une action en justice pour bloquer les mesures anti-renouvelables…
Vers une solution durable ?
Ce qui est rassurant, c’est que la majorité des entreprises du numérique ne sont pas dupes et maintiennent leurs engagements environnementaux. Malgré les efforts de l’administration Trump pour promouvoir les combustibles fossiles, de nombreux acteurs du secteur technologique continuent de plaider en faveur des énergies renouvelables. Ils soulignent l’importance des sources d’énergie durables pour réduire les coûts et les émissions.
Se pose cependant la question de la mise en œuvre de solutions alternatives, telles que les petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR), qui nécessitera plusieurs années. En attendant, les centrales à charbon continueront de tourner et les turbines à gaz se multiplieront, particulièrement aux Etats-Unis. Donc pas d’inquiétude pour les datacenters et l’IA. Restera à trouver puis à maintenir l’équilibre entre développement technologique et durabilité environnementale, mais ce n’est certainement pas pour demain.